New York underground
Le métro de New York est assez complexe mais on finit par s’y retrouver quand même rapidement. La carte qu’on nous fournit gratuitement représente le tracé tel qu’il est réellement à travers la ville, contrairement à la carte conceptuelle réalisée par Massimo Vignelli dans les années 70 (inspirée par la carte du métro de Londres de Harry Beck).
Je n’ai pas réussi à trouver qui aurait conçu la signalisation parcontre alors si quelqu’un est au courant, merci de me laisser savoir.
J’ai bien aimé le concept noir/blanc avec les couleurs pour repérer rapidement la ligne sur laquelle on se trouve. Le tout m’a semblé être écrit en Helvetica mais j’ai lu quelque part qu’il s’agissait en fait d’une version d’Akzidenz Grotesk. J’en doute fort car la lettre A et le chiffre 2 typiques à cette typographie ne sont pas du tout là… On retrouve parcontre l’Akzidenz Grotesk sur les panneaux illuminés à l’intérieur des wagons qui nous indiquent à quelle station nous sommes.
J’ai aussi remarqué qu’une ligne blanche est placée au dessus de toutes les pancartes, fort probablement en référence conceptuelle au trajet du métro. Malheureusement, l’épaisseur de la ligne n’est pas consistante en proportion d’un panneau à l’autre et je dois avouer que cet aspect imparfait ça m’a agacée. Il y a peut-être une raison pour ça sauf que je ne l’ai pas trouvée…
Par Boyer-Moraes
le 30 October 2007 à 9:04
Bonjour, je suis designer graphique en France et m’intéresse particulièrement aux problématiques de design informatif, domaine dans lequel j’exerce, aussi bien en tant que graphiste qu’en tant qu’expert en cartographie de communication. A ce titre et aussi par pur plaisir de partager autour de ce domaine bien spécifique et souvent fort méconnu du design graphique vers lequel je me suis orienté durant mes études de communication visuelle par vocation et passion, je souhaiterais apporter quelques réponses aux questions que vous soulevez dans votre article sur le métro de New York.
La signalétique actuelle est celle qui a été élaborée au tournant des années 60/70 par l’ancienne agence de Massimo Vignelli,”Unimark International” qu’il avait cofondée et qui fut en son temps la plus grande agence de design au monde. Ce système signalétique n’a que très légèrement été revu depuis. Il a été élaboré dans le cadre d’un travail pharaonique de design global pour la MTA qui incluait le dessin d’un corpus de plans, d’une signalétique, d’une image etc.
Les panneaux de signalétique devaient initialement être plus classiquement blanc avec imposition de la typo en noir, mais la déferlante du graff dans le métro du New York du début des années 70 en a décidé autrement, Vignelli eut l’idée simple et géniale d’inverser l’imposition afin de limiter les tags (fond noir!) au moins sur les panneaux. Pour ce qui concerne la typo, il s’agissait bien initialement d’une Akzidenz Grotesk, (notamment pour les indices de lignes, le R capital typique de cette typo, le 2, le S etc. comme on peut très bien la distinguer sur la couverture de la première édition de 72) mais il semble qu’effectivement les préconisations n’aient pas été suivies partout au cours du temps et que l’usage d’une sorte d’Helvetica ou de Swiss soit de rigueur pour les infos directionnelles … Le célèbre plan de Vignelli de 1972 a été abandonné en 1979 parce que trop radical, les usagers ayant été très désorientés par la perte des repères géographiques et des références à la surface de la ville, à la suite d’une sorte de guerre d’usure des usagers à l’encontre de la MTA (indénombrables pétitions), un nouveau plan plus traditionnel a été commandé à l’agence Michael Hertz de New York. C’est ce plan qui est toujours en usage aujourd’hui malgré quelques modifications esthétiques substantielles. Si les premières versions pouvaient être satisfaisantes aux moins esthétiquement (version de 1979) aujourd’hui il ne reste q’une sorte de plat de “spaghetti”, désagréable tant sur le plan de la sélectivité des lignes, que sur le plan esthétique. Si le très impressionnant plan de Vignelli pêchait peut être par un excès de rigueur (“style international”, Vignelli vient du Politecnico di Milano, influence très prégnante de la Suisse voisine et du design anglo-saxon européen, Pays-Bas, Allemagne), le plan actuel pêche par une surabondance d’infos, un manque flagrant de travail de synthèse et une esthétique tout à fait déplorable. En revanche les plans de bus eux aussi dessinés par Hertz sont très satisfaisants, ce qu’il faut souligner relativement à la complexité et à la densité du réseau. Beaucoup, tant parmi les usagers, qu’à la MTA, que dans le monde du design, s’accordent sur le fait que le plan actuel du métro n’est plus satisfaisant, je trouve très intéressante et même brillante la proposition d’Eddie Jabbour, il est très dommage qu’il n’y ait pas eu de suite pour le moment. Bien à vous. Cordialement.
Par Marie-Claude
le 30 October 2007 à 14:28
Merci pour ces précisions, c’est très intéressant… Voir aussi mon article qui a fait suite à celui-ci.